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Melody in Prison:
Ngawang Choephel


UPDATE
20 octobre 1999

1/ MANIFESTATIONS CONTRE LA VENUE DE JIANG ZEMIN ET POUR LA LIBERTE AU TIBET ET EN CHINE : LE 22 A LYON ET LE 24 A PARIS
2/Lettre à ceux qui rencontreront le Président Jiang Zemin
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1/ MANIFESTATIONS CONTRE LA VENUE DE JIANG ZEMIN ET POUR LA LIBERTE AU TIBET ET EN CHINE : LE 22 A LYON ET LE 24 A PARIS

RASSEMBLEMENT PLACE DE LA BASTILLE, A PARIS
LE DIMANCHE 24 OCTOBRE 99 A 15H30

MANIFESTATION A LYON LE 22 OCTOBRE 99 de 18H à 21H,
Lyon Place de la République - (Contact : Lions des Neiges 04 72 66 92 52.)

- Pour l'arrêt des violations des Droits de l'Homme en Chine et au Tibet occupé ;
- Pour l'ouverture de négociations sans conditions préalables entre la Chine et le Gouvernement Tibétain en exil ;
- Pour la libération immédiate de Gendhun Choekyi Nyima - le jeune Panchen Lama -, et de tous les prisonniers politiques tibétains (1083 recensés dont 246 femmes et 12 mineurs au 31/12/1998!) et chinois.
- Pour l'arrêt du transfert massif de colons chinois au Tibet et du génocide culturel du Tibet.
- Pour l'arrêt de la nucléarisation et la militarisation du plateau tibétain.
- Pour l'arrêt de la destruction de l'environnement du Tibet.
- Pour ouvrir des négociations avec le Dalai Lama et le Gouvernement tibétain en exil pour résoudre pacifiquement la question du Tibet,

VENEZ NOMBREUX POUR SOUTENIR LA CAUSE DU PEUPLE TIBETAIN ET LES DROITS DE L'HOMME EN CHINE

Déclaration suite à la Réunion interassociative de LYON, samedi 9 octobre 1999
Associations et parti signataires :

- Aide au Tibet (Ramatuelle / Côte d'Azur)
- Auvergne Tibet Freedom (Clermont-Ferrand)
- Convergence Tibet Laogaï (Toulouse)
- France Tibet national
- France Tibet Languedoc
- France Tibet Nord Pas-de-Calais
- Lions des Neiges (Lyon)
- Tibet Liberté Solidarité (Marseille)
- Tibet Lion des Neiges (Strasbourg)
- Alpes Tibet (Grenoble)
- La Communauté tibétaine en France

- Les Verts

Nous, citoyens français, membres des associations de défense de la cause tibétaine soussignées, fiers de notre tradition de deux siècles de combat en faveur des droits fondamentaux et universels des peuples et du citoyen, dénonçons sans réserve la réception en grande pompe par M. Jacques CHIRAC, Président de la République, et par M. Lionel JOSPIN, chef du Gouvernement, de M.JIANG ZEMIN, Président de la République populaire de Chine, chef d'un Etat totalitaire, assassin, génocidaire, pollueur, colonialiste, tortionnaire, corrompu et corrupteur.

La logique et la justice voudraient qu'à l'heure où le vieux dictateur chilien PINOCHET se trouve extradable pour crimes contre l'humanité et alors que l'OTAN n'a pas hésité à frapper au printemps dernier le régime de MILOSEVIC, le représentant d'un régime aussi peu fréquentable soit lui aussi traduit devant un tribunal international pour répondre des innombrables crimes qui jalonnent les 50 ans d'existence de la pseudo République pseudo populaire de Chine.

Par ailleurs la question tibétaine, à notre vif regret, est toujours traitée par nos instances de pouvoir nationales sous le sceau d'une occultation inadmissible concernant la vérité historique : le Tibet est considéré comme partie intégrante de la Chine alors qu'il était un Etat souverain jusqu'à l'invasion de1950. Et aucun gouvernement, aussi bien en France que dans le monde, n'a pour l'instant eu le courage politique de reconnaître officiellement le Gouvernement tibétain en exil.

Nous réitérons donc notre requête de voir réexaminé le point de vue officiel français pour qu'enfin soient mises en ¦uvre les conditions qui permettront l'exercice par le peuple tibétain de son droit à l'autodétermination - droit publiquement reconnu au peuple palestinien par le Président CHIRAC en octobre 1996 - sans quoi nous ne pourrions qu'en tirer la conclusion logique d'une complicité objective entre les Etats français et chinois.

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2/Lettre à ceux qui rencontreront le Président Jiang Zemin,

Monsieur _________,

Vous allez rencontrer prochainement le Président Jiang Zemin. Cette visite peut vous fournir l'occasion de lui exprimer votre avis sur les négociations qu'il pourrait engager avec le Dalaï Lama et le Gouvernement tibétain en exil. De telles négociations auront un impact positif non seulement pour les Tibétains, mais aussi pour la stabilité de la Chine et de son Gouvernement. Votre initiative dans ce domaine est de la plus grande importance pour permettre de faire évoluer favorablement la situation du Tibet et de la Chine.

L'opinion publique, sensible à la situation au Tibet, remarquera les prises de position de ses dirigeants en faveur des Droits de l'Homme. Comme vous le savez, de nombreuses personnalités et associations françaises souhaitent que s'engagent des négociations entre le Dalaï Lama, le Gouvernement tibétain en exil et le Gouvernement chinois afin que chaque partie puisse dialoguer, dans l'intérêt commun, d'une autonomie réelle du Tibet, dans le respect du Droit des Peuples à l'autodétermination. Le Dalaï Lama demande depuis de nombreuses années à discuter de l'autonomie du Tibet (i.e. : l'enseignement, le développement économique et de la santé) avec les autorités chinoises qui n'ont pas encore répondu à cette sollicitation. De plus en plus de personnes s'émeuvent du cas du Tibet, envahi en 1949 par les troupes chinoises, devenu une colonie de fait. Depuis le soulèvement du 10 mars 1959, à Lhassa, où des milliers de Tibétains périrent, on estime à 1.200.000 les morts directement ou indirectement liées à l'invasion du Tibet. Nous pensons qu'il y a urgence à réparer cette injustice et à arrêter ce génocide, car du fait de l'incapacité des gouvernements occidentaux vous précédant, à exprimer aux autorités chinoises l'importance des Droits de l'Homme au Tibet, des campagnes ont actuellement cours visant à contrôler totalement les monastères, à stériliser des femmes tibétaines, et une invasion massive de Chinois han réduisant les Tibétains à une minorité dans leur ancien pays se développe. La torture est systématique pour les prisonniers politiques qui sont plus de 1000 dans les 15 prisons du Tibet (1083 recensés au 31/12/1998 dont 246 femmes et 12 mineurs). Nous profitons de la venue de Jiang Zemin pour vous demander d'intercéder auprès de lui et vous faire l'écho des nombreuses associations qui, unanimes, demandent en occident la libération de 3 prisonniers : Ngawang Choephel, ethnomusicologue, emprisonné pour 18 ans, de Ngawang Sangdrol, nonne tibétaine, emprisonnée pour 21 ans et Tanak Jigme Sangpo, un professeur tibétain très âgé, emprisonné pour 28 ans. Nous demandons aussi des nouvelles de deux disparus : Gendhun Choekyi Nyima (Panchen Lama), un enfant de 10 ans, et Kabukye Rinpoché, Abbé du monastère de Nubzur, emprisonné pour 6 ans. Nous demandons aussi la libération définitive de Gyaye Phuntsok, 68 ans, directeur d'école, représentant populaire, membre consultatif de comté tibétain, arrêté en août 1998. Nous demandons aussi que toutes les personnes emprisonnées du fait de l'exercice de leur Droit à la liberté d'expression soient libérées immédiatement. Nous vous prions de croire, Monsieur _______ , en l'expression de notre haute considération.

Pour France-Tibet

PS Vous trouverez ci-dessous une information plus détaillée sur le cas des prisonniers précités.


Cas de prisonniers politiques tibétains :
En décembre 1998, le Centre tibétain pour les droits de l'Homme et la démocratie (TCHRD) citait les noms de 1083 prisonniers politiques tibétains encore incarcérés dans les prisons chinoises au Tibet. Le cas de trois d'entre eux est devenu symbolique des 1083 autres et leurs souffrances nous rappellent que tout doit être fait pour que l'injustice cesse. Il s'agit de Ngawang Choephel, ethnomusicologue, emprisonné pour 18 ans, de Ngawang Sangdrol, nonne tibétaine, emprisonnée pour 21 ans et de Tanak Jigme Sangpo, un professeur tibétain très âgé, emprisonné pour 28 ans.

Ngawang Choephel
Ngawang Choephel a été accusé d'espionnage. Ngawang Choephel a passé sa vie en exil en Inde où il a appris la danse et la musique traditionnelles tibétaines avec le TIPA (Tibetan Institute of Performing Arts). Il a obtenu la prestigieuse bourse fullbright qui lui a permis de parfaire ses études en ethnomusicologie aux USA. Les autorités chinoises n'ont aucune preuve des accusations d'espionnage, autre que des aveux obtenus sous la torture et des images vidéo qui ne prouvent que l'intérêt de Ngawang Choephel pour la danse et la musique traditionnelles du Tibet.

Ngawang Choephel a été transféré le 1er juillet 98 à la prison de haute sécurité Powo Tramo, un camp de travail isolé des plus dur du Tibet. Innocent, Ngawang Choephel a fait appel par trois fois en août et septembre 1998, alors qu'il était malade, à la haute cour de la région autonome du Tibet. Il n'a reçu aucune réponse. Selon les informations fiables qui ont pu sortir du Tibet, Ngawang Choephel a notamment craché du sang le 16 août 1998. Il s'agit d'un signe clinique de tuberculose pulmonaire. Il ne reçoit pourtant pas de traitement approprié à cette affection.

Il serait humain de permettre à Ngawang Choephel de revoir vite sa mère en Inde. Cette dernière, très âgée et malade, est désespérée par l'emprisonnement de son fils unique. Elle ne vit plus que pour faire connaître au monde le cas de son fils. Elle a déposé, à plusieurs reprises, une demande de visa pour lui rendre visite en prison au Tibet, ce qui est totalement ignoré par les autorités chinoises. Elle a déclaré récemment : " Par deux fois, j'ai écrit à l'Ambassade de Chine à Delhi, demandant un visa pour aller au Tibet. Je me suis également rendue à l'Ambassade de Chine à Delhi le 9 janvier 97, en juin 97 et le 28 juillet de la même année, où j'ai pu rencontrer le Premier secrétaire, M. Huo Zhongquan. Il m'a dit qu'il faudrait trois à quatre mois pour obtenir l'accord de la "région autonome du Tibet", mais à ce jour, je n'ai obtenu aucune réponse de la part des officiels chinois à New Delhi. "

En n'autorisant pas Sonam Deckyi à visiter son fils en prison, les autorités chinoises violent à la fois la loi internationale et leur propre loi qui autorise pourtant les visites des proches, en référence à l'article 37 des Règles Minimum Standard de l'ONU pour le traitement des prisonniers, et à l'article 48 de la Loi chinoise sur les prisons.

Nous demandons la libération de Ngawang Choephel, pour des raisons médicales et humanitaire. Nous pensons que cela est aussi extrêmement important pour sa mère qui risque de laisser sa vie dans son combat quotidien.


Ngawang Sangdrol
Ngawang Sangdrol, une nonne âgée de 22 ans, vient de voir sa peine allongée à une durée totale de 21 ans. A dix ans, elle a participé à une manifestation qui lui a valu 15 jours de détention. A l'âge de 13 ans, elle fut encore arrêtée pour avoir participé à une nouvelle manifestation. Trop jeune pour être jugée, elle a passé neuf mois en prison, où elle fut maltraitée. A sa sortie de prison, on lui a interdit de rejoindre son monastère, comme à tous les religieux, anciens prisonniers de conscience tibétains. Environ 2 ans plus tard, le 12 juin 1992, son père Namgyal Tashi et son frère Tenzin Sherab, sont arrêtés pour avoir manifesté. Son père fut condamné à huit ans de prison. Il se trouve toujours à la prison de Drapchi et aurait dû être libéré en août 1999. Sa mère, Jampa Choezom, bouleversée par ces évènements, est décédée 3 jours après la descente de la police dans la maison familiale. Le fils aîné de la famille avait été exécuté en 1976. Ce même mois de juin 1992, à l'âge de 15 ans, Ngawang Sangdrol tente de manifester à Lhassa, en compagnie d'autres nonnes de Garu et de moines de Ganden. Elle est arrêtée et condamnée à trois ans de prison. Sa condamnation a été jugée arbitraire -et de ce fait illégale- par un comité de l'ONU qui a réclamé sa libération du fait qu'elle a été condamnée sur la base de l'exercice de sa liberté d'expression. Les autorités chinoises n'ont pas respecté l'Article 17 du code pénal chinois, qui stipule que les mineurs de moins de 16 ans ne peuvent être tenu responsable de leur infraction. Ngawang Sangdrol avait 15 ans lorsqu'elle fut arrêtée et condamnée à 3 ans de prison, le 17 juin 1992, pour motif d'activité " contre-révolutionnaire ". Son frère, Jamphel Tenzin qui réside maintenant en Inde atteste que Ngawang Sangdrol est bien née en 1977. En 1993, lors de sa détention, en compagnie de 13 autres religieuses, elle enregistre des chants et des poèmes sur un magnétophone introduit clandestinement. Ces chants sont poétiques, non-violents et dédiés à ceux et celles qui les soutiennent. Les 14 jeunes filles voient leurs peines doublées ou triplées. Ngawang Sangdrol fut battue sévèrement. Au printemps 1996, les autorités de la prison de Drapchi ont organisé des réunions dans le but probablement de s'assurer que les prisonniers de conscience ne créeraient pas de trouble au sujet du choix de Gendhun Choekyi Nyima comme XIe Panchen Lama par le Dalaï Lama. Au cours de ces réunions, Ngawang Sangdrol a protesté contre le choix d'un autre enfant par les autorités chinoises et fut sévèrement battue. En réponse à ces mauvais traitements, elle a fait une grève de la faim, avec une autre nonne. Elles furent alors accusées de " porter atteinte à la réputation nationale ". À la suite de ces événements, les autorités de la prison ont vérifié plus sévèrement la discipline, en particulier le rangement des cellules. Les nonnes ne respectant pas la discipline étaient sévèrement battues. Ngawang Sangdrol en particulier a reçu des coups et a été transférée en confinement solitaire dans des conditions extrêmement sévères. Pour protester contre ces traitements d'une sévérité insupportable pour elles, plus de 80 femmes de la même unité que Ngawang Sangdrol menèrent une grève de la faim. Les autorités pénitentiaires ont menacé ces femmes, indiquant l'existence de moyens médicaux à la prison pour mettre fin à leur grève qui " portait atteinte à la réputation nationale ". Ce mouvement de grève de la faim n'a pu durer que 4 jours à la prison de Drapchi.

En octobre 1996, Ngawang Sangdrol n'a pas rangé sa cellule et ne s'est pas levée lors de la visite d'un cadre officiel -un commandant de brigade. Elle fut accusée d'insubordination, alors que cette attitude pourrait marquer une profonde détresse consécutive à la dureté de sa peine. Elle a aussi été accusée d'avoir crié " Tibet libre ! " alors qu'en compagnie d'autres prisonnières, elle fut forcée à rester debout sous la pluie comme punition pour n'avoir pas rangé sa cellule. S'en suivirent privations, mise en cellule d'isolement sans fenêtre ni lumière, ne recevant qu'une faible ration alimentaire par jour. Les tortures sévères qui lui ont été infligées ont entraîné une grave blessure de sa jambe droite. Sa condition physique s'est extrêmement détérioré. Lobsang Dolma, co-détenue de Ngawang Sangdrol, qui a passé 5 ans à la prison de Drapchi avec elle, affirme qu'elle a eu pendant longtemps une atteinte rénale et n'a pu recevoir de traitement qu'à la clinique de la prison.

Ngawang Sangdrol aurait participé à une protestation pacifique en mai 1998 à la prison de Drapchi, à Lhassa. Cette protestation a été durement réprimée, et au moins 11 prisonniers ont été tués par le service d'ordre pénitentiaire, 2 ont été tués par balle, 5 nonnes sont mortes des suites de tortures extrêmement sévères, et 4 autres prisonniers seraient morts sous les coups pendant ou après la manifestation. A la suite de ces événements, Ngawang Sangdrol a été sévèrement battue et placée en cellule d'isolement. Affaiblie par le manque de nourriture et l'absence de soins, torturée, elle serait toujours en cellule de confinement solitaire.

Selon une source fiable du Tibet, la sentence de Ngawang Sangdrol a été augmentée encore de 4 ans en raison de sa participation à la manifestation de la prison de Drapchi de mai 1998.

Avec une peine de 21 ans d'emprisonnement, Ngawang Sangdrol est la femme, prisonnière de conscience tibétaine, condamnée à la plus lourde peine au Tibet.

L'article 69 du code pénal chinois stipule qu'une sentence ne peut excéder 20 ans au maximum. La récente extension de la peine de Ngawang Sangdrol à 21 ans est donc une violation de la loi chinoise.

Nous demandons la libération de Ngawang Sangdrol pour des raisons médicales et humanitaires. Nous demandons aussi des nouvelles de la santé de Ngawang Sangdrol en raison de ses problèmes rénaux.


Tanak Jigme Sangpo
Tanak Jigme Sangpo est un professeur tibétain, âgé de 72 ans. Il est le plus âgé des prisonniers de conscience tibétains. Il a été condamné à la plus longue détention au Tibet, malgré sa très mauvaise santé. Il a été arrêté en 1983 pour avoir collé sur un mur une affiche de protestation contre les autorités chinoises, sur un Temple de Lhassa. Il se trouverait actuellement à la prison de Drapchi.

Tanak Jigme Sangpo avait déjà fait 13 ans de prison pour avoir simplement exprimé des opinions contraires à celles des autorités chinoises au sujet de la liberté au Tibet. En prison, il a continué à protester contre l'absence de liberté au Tibet, et sa condamnation a été augmentée de 5 ans en 1988, et de 8 ans en 1992.

Selon l'article 69 du code pénal chinois (qui stipule qu'une sentence ne peut excéder 20 ans au maximum), l'extension de la peine de Tanak Jigme Sangpo à 28 ans est une violation de la loi chinoise.

Les années d'emprisonnement qu'il a vécues et les tortures qu'il a subies l'ont rendu extrêmement faible et sa vue s'est profondement détérioré. Il fait de l'hypertension, ce qui est préjudiciable à sa survie s'il n'est pas correctement traité.

Lorsqu'il sera libéré, en 2011, il aura passé 28 ans de détention ininterrompus, il aura 85 ans. Il aura passé au total 44 ans en prison, simplement pour avoir exprimé pacifiquement ses opinions. La peine de ce prisonnier de conscience semble disproportionnée par rapport à un délit qui ressort de la liberté d'expression. Nous demandons des informations sur sa santé et sur les traitements qu'il a pu recevoir. Mais surtout, nous demandons la libération de Tanak Jigme Sangpo maintenant âgé de 72 ans pour des raisons médicale et humanitaire, notamment du fait d'une sentence de 28 ans illégale selon la loi chinoise.


Gendhun Choekyi Nyima (Panchen Lama), enfant de 10 ans, disparu. Le traitement que reçoivent les prisonniers politiques tibétains est terrible, et l'on ne peut pas ne pas penser au plus jeune d'entre eux : Gendhun Choekyi Nyima, enfant tibétain de 10 ans, le Xe Panchen Lama. Le 14 mai 1995, le Dalaï Lama a reconnu Gendhun Choekyi Nyima comme étant la réincarnation du Xe Panchen Lama, seconde autorité spirituelle du Tibet, qui devrait désigner le prochain Dalaï Lama. Le Gouvernement chinois a rejeté ce choix et nié au Dalaï Lama le droit de reconnaître le Panchen Lama suivant le système traditionnel multi-séculaire tibétain. Le Gouvernement chinois a affirmé qu'il avait seul l'autorité pour choisir la réincarnation du Panchen Lama, indiquant de plus que ce "n'était pas l'affaire du Dalaï Lama". Selon nos informations, Gendhun Choekyi Nyima et sa famille sont détenus en Chine depuis leur enlèvement, le 17 mai 95, par les autorités chinoises. Les autorités chinoises ont indiqué que la Chine considère la nomination du Panchen Lama sous un angle politique. Le 29 novembre 95, ces autorités ont désigné arbitrairement comme Panchen Lama un autre enfant, fils d'un membre du Parti Communiste chinois. Cette ingérence politique dans le domaine culturel et religieux est une erreur grave qui n'est pas compatible avec la liberté religieuse, ni avec la notion d'autorité spirituelle reconnue par la communauté Bouddhiste. Les Tibétains sont très inquiets de ce fait sans précédent : "Si le nouveau Panchen Lama ne reçoit pas de vrais moines, et en bonne et due forme, une véritable éducation de moine, c'en sera bel et bien fini de notre culture", estime en effet un penseur tibétain. L'action des autorités politiques chinoises consistant à utiliser la religion Bouddhiste à des fins politiques, aboutira à la destruction de son caractère spirituel au Tibet et à l'absence de reconnaissance par la communauté Bouddhiste des autorités spirituelles nommées à des fins politiques. La détention en un lieu secret de Gendhun Choekyi Nyima a aussi des implications sur le plan des droits de l'enfant et de la liberté religieuse.

Gendhun Choekyi Nyima, son père Konckok Phuntsog, et sa mère Dechen Choden sont originaires du village de Lhari, à Nagchu, dans la partie nord-est du Tibet. Il nous paraît tout à fait étrange que des Tibétains qui parlent mal le chinois et préfèrent de loin leurs montagnes, aient choisi volontairement d'aller vivre en Chine, près de Pékin, comme certaines rumeurs l'ont laissé entendre. De plus, nous ne pouvons croire les autorités chinoises lorsqu'elles affirment que cette famille veut se mettre à l'abri des étrangers dans cette affaire. La découverte d'une haute incarnation, comme le Panchen Lama, dans une famille, est toujours ressentie comme un immense honneur et une formidable bénédiction par les Tibétains.

Dans le passé, il n'était jamais arrivé que le Panchen Lama ne soit pas reconnu par le Dalaï Lama, c'est là un fait historique que les autorités chinoises devraient reconnaître, et qui rendra totalement impossible la légitimation de leur candidat, de même que celle d'un éventuel futur Dalaï Lama qu'elles veulent probablement nommer.

La motivation des autorités politiques chinoises semble être d'utiliser la religion Bouddhiste à des fins politiques, détruisant ainsi son caractère spirituel. La séparation des domaines politique et religieux est fondamentale pour garantir la liberté de culte, comme celle des citoyens. Nous demandons qu'une délégation du Comité des droits de l'enfant auprès de l'ONU puisse rendre visite à Gendhun Choekyi Nyima (le 11e Panchen Lama) où qu'il soit.


Kabukye Rinpoché, Abbé du Monastère de Nubzur, emprisonné pour 6 ans. Kabukye Rinpoché (aussi appelé Nazod Rinpoché ) est un grand Lama Tibétain du Kham (région tibétaine actuellement intégrée à la Province du Sichuan), responsable du monastère de Nubzur. Il fut arrêté le 10 juin 1996 et condamné à 6 ans de prison pour avoir exprimé son opposition à la politique du gouvernement local au sujet des mines d'extraction d'or près de son monastère. Il a aussi exprimé ses préoccupations au sujet des explosions utilisées pour briser les roches sur le flan de la colline, causant de sérieux problèmes pour les troupeaux des nomades. Il a aussi signalé que l'extraction de la mine conduit à l'érosion des terres cultivables. Kabukye Rinpoché aurait été accusé par les autorités d'affichages indépendantistes apparus lors du 40e anniversaire de la fondation du comté de Serta, le 24 juillet 1995. Le jour suivant son arrestation, une équipe de sécurité chinoise se rendit dans son monastère, s'introduisit dans sa chambre et confisqua des posters et un appareil photo. Selon une source d'information de "Tibet Information Network" (TIN), Kabukye Rinpoché a nié avoir appartenu à un mouvement indépendantiste et avoir eut des contacts avec des étrangers. Il précisa qu'il avait uniquement écrit une lettre aux autorités pour dénoncer les problèmes causés par la mine, proche du monastère Nubzur, ainsi que ceux qui sont causés par l'immigration chinoise massive dans cette région. Nous tenons à préciser, que contrairement aux affirmations des autorités chinoises, le Peuple tibétain est devenu minoritaire car il y a environ 7,5 millions de Chinois pour 5,8 millions de Tibétains au Tibet (incluant le U-Tsang - région " autonome " du Tibet, le Kham et l'Amdo).

Les Tibétains vivant dans la région ainsi que les moines du monastère se sont opposés à la façon dont les ressources minières étaient exploitées. Cette opposition a pris d'avantage d'importance lors de l'installation d'une mine sur la montagne proche du monastère de Nubzur. Selon des sources d'information de TIN, la mine a attiré plus de 300 mineurs chinois depuis 1992 qui vinrent s'ajouter à la présence chinoise déjà considérable dans ce comté autonome tibétain.

Kabukye Rinpoché fut traité de façon particulièrement inhumaine. Détenu dans une cellule minuscule sans fenêtre ni lumière, il n'a reçu qu'une nourriture très pauvre, il était battu et privé de sommeil en permanence, même durant la nuit. On l'obligeât à se tenir nu, si près d'un feu brûlant qu'il perdit connaissance et tombât dans les flammes ce qui entraîna de graves brûlures à son bras gauche. En plus de cela, il devait rester agenouillé des heures durant, de sorte que ses genoux étaient si terriblement abîmés qu'il n'arrivait même plus à se tenir debout. Kabukye Rinpoché resta en détention jusqu'à sa condamnation à six ans d'emprisonnement, le 27 octobre 1996, avec en plus une amende 8 000 RMB (964 $ US) pour crime "de séparatisme contre-révolutionnaire". Le rapport signale qu'aucun membre de sa famille ni aucun de ses amis ne fut informé de l'audience où la sentence fut rendue.

Le lieu actuel de détention de Kabukye Rinpoché n'est pas connu. Kabukye Rinpoché a souffert de problèmes cardiaques depuis son arrestation et il est à craindre que cela ne s'aggrave à cause des mauvaises conditions de vie en prison.

La peine de ce prisonnier de conscience semble disproportionnée par rapport à un délit qui ressort de la liberté d'expression. Nous ne savons pas où se trouve Kabukye Rinpoché. Nous n'avons plus d'informations sur sa santé et ni sur les traitements qu'il a pu recevoir. Nous demandons la libération de Kabukye Rinpoché pour des raisons médicale et humanitaire.


Gyaye Phuntsok, 68 ans, directeur d'école, représentant populaire, membre consultatif de comté tibétain, arrêté en août 1998.

Selon des informations qui viennent de nous être transmises par TIN, Gyaye Phuntsog a été torturé au poste de police où il était gardé prisonnier pour interrogatoire. Il reçoit actuellement un traitement à l'hôpital du comté de Chabcha (Chinois : Gonghe). Ses jambes sont gonflées et il est incapable de marcher sans l'emploi de béquilles depuis sa libération.

En août 1998, Gyaye Phuntsok (aussi appelé Galyi Phuntsok), un Tibétain du Qinghai (Amdo), âgé de 68 ans, a été arrêté par le département national officiel de sécurité. Phuntsog, a été condamné à six années de prison en juillet 99, pour " dommage à la stabilité de la nation" et libéré récemment sur parole médicale après avoir été maltraité durant sa détention. Gyaye Phuntsok est né dans une famille nomade en 1931. Il a étudié la philosophie Bouddhiste, le tibétain, et les mathématiques. Il a été arrêté en 1949 lors de l'invasion chinoise et durant la Révolution Culturelle en 1960. Il a souffert de tortures physiques sévères. Après la Révolution Culturelle, quand le climat politique est devenu plus tolérant, il a été libéré.

Après sa libération, Phuntsok a initié un travail constructif pour l'amélioration de la situation du Peuple tibétain. Il a décrit les problèmes et les difficultés rencontrés par le Peuple tibétain au précédent Secrétaire de parti communiste, Hu Yaobang, durant sa visite en juin 1980. Le village de Gyaye est situé à proximité du lac Kokonor. La plupart des sols, jadis fertiles, sont maintenant occupés par le bataillon militaire de Landrou, ce qui a résulté dans un appauvrissement des sols agricoles, créant des problèmes pour les nomades locaux. Quand Phuntsok a appris ce problème d'environnement, il en a parlé avec un groupe de nomades aux officiels du bataillon militaire de Landrou. Leurs efforts ont permis le retour de la moitié des sols perdus, et une augmentation de capacités en électricité et en eau.

Ayant appris les difficultés des enfants locaux à recevoir une instruction, Phuntsok a demandé et obtenu la permission des autorités locales appropriées pour établir une école. La plupart de fonds de l'école sont reçus de donations privées et d'une aide allemande. Il a aussi reçu des fonds du "Projet Espoir", un mouvement initié par la "Fondation de Chine du développement de la jeunesse" (basée à Pékin: China Youth Development Foundation) en 1989 et parrainé partiellement par l'UNESCO. Phuntsok s'occupait de l'administration générale de l'école avec six membres permanents du personnel.

L'école enseignait le chinois, le tibétain, l'anglais, et les mathématiques à 60 étudiants. Un professeur allemand enseignait l'anglais dans cette l'école, ce qui est une première dans toute la région autonome du Tibet et l'ancien Tibet (Amdo et Kham). Les enfants qui suivaient les cours de cette école sont issus des familles résidant dans la région la plus pauvre et ne recevaient pas d'instruction en tibétain.

Pour toutes ces raisons, les gens de la région admirent Phuntsok et louent sa contribution à la communauté. Ils l'ont élu comme leur représentant populaire. Il a aussi été nommé par les autorités chinoises comme membre consultatif politique du Comté du Gong-hai, de la Préfecture Autonome tibétaine du Qinghai.

En mars 1992, Gyaye Phuntsok a visité l'Inde en pèlerinage avec des papiers chinois en règle. A son retour en juin 1992, il a été interrogé à plusieurs reprise. Il est resté sous la surveillance continue des services de renseignements généraux du Bureau Public de la sécurité. En août 1998, sa maison a été pillée, des investigations ont été menées et certains livres contenant des discours du Dalaï Lama ont été confisqués. Gyaye Phuntsok a alors été arrêté et emmené dans un camion par des officiels du Département National de sécurité.

Phuntsok a été incarcéré et torturé dans une prison du Qinghai. En son absence, ses projets, comme l'école qu'il a fondée, se détériorent. Nous demandons que sa libération soit définitive. En effet, il est habituel que les prisonniers qui sont libérés sur parole médicale, souvent pour de graves traumatismes consécutif à des tortures, soient à nouveau incarcérés après leur traitement quand il ne meurt pas.


FRANCE-TIBET (Association Loi 1901) NOUVELLE ADRESSE : 10 rue Jean MACE 75011 PARIS
Contacts : Marcelle ROUX 06 80 70 69 45
Délégué Ile de France : Christophe CUNNIET 01 69 05 45 17 / 06 12 25 95 54
Site Web :
http://perso.wanadoo.fr/france.tibet
e-mail: france.tibet@wanadoo.fr

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